Accueil – Actualités – Témoignage de Julie Dozinel, professeure de français dans l’académie de Dijon, au collège Jean Mermoz de Chauffailles
Ce témoignage de Madame Dozinel met en lumière l’engagement quotidien d’une professeure de français passionnée, au cœur d’un métier aux multiples facettes, dans un contexte de rentrée bouleversé par la réforme du collège.
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7 juillet 2025
Bonjour Julie. Avant d’entrer dans le vif du sujet, pourriez-vous nous décrire les différentes facettes de votre métier de professeure de français au collège ?
Je suis professeure de français en collège et cela implique de nombreuses missions.
En effet, outre les notions du programme qui m’est imposé par l’Éducation Nationale comprenant la littérature, le vocabulaire, l’orthographe, la conjugaison et la grammaire, je dois également accompagner mes élèves dans leur développement littéraire et personnel.
Je leur transmets le plaisir de lire et les aide dans leur cheminement littéraire, les conseille dans le choix de leurs œuvres.
Je fais de mes élèves des êtres qui pensent. Dit comme ça, cela peut sembler ambitieux, mais c’est, à mes yeux, essentiel.
Les jeunes sont beaucoup critiqués pour leur impulsivité et leur léthargie. Je me vois un peu comme une jardinière : je sème des notions et des valeurs, en espérant qu’il restera chez mes élèves les idées, les notions, les valeurs qui germeront plus tard et feront d’elles et eux des citoyens éclairés.
Vous ne vous limitez pas à la salle de classe : quels autres projets ou activités menez-vous en parallèle de votre métier ?
Après les quelques mois de l’école à distance pendant la pandémie, dès le début des vacances d’été, les émotions sont remontées d’un coup – j’étais submergée. La crise sanitaire fut une période très rude, où il a fallu composer avec la peur de l’inconnu et la volonté de continuer à exercer mon métier correctement.
Volontaire et positive de nature, je me suis pourtant sentie très seule, et j’imagine ne pas avoir été la seule enseignante dans cet état d’esprit.
Pour contrer cela, je me suis lancée sur les réseaux sociaux. J’ai créé un compte lié à mon activité d’enseignante Laboi.tedepandore sur Instagram, afin d’ouvrir les portes de ma salle de classe et de partager des activités pour aider mes collègues.
Je voulais casser cette idée de solitude que l’on retrouve beaucoup dans notre métier, et redorer un peu le blason de l’enseignement trop souvent terni.
Je ne m’attendais pas à être autant suivie… face à cette demande croissante, j’ai alors créé mon blog pour rendre accessibles mes supports et idées : La Boîte de Pandore.
Cette page Instagram et ce blog m’ont fait connaître de maisons d’édition et rencontrer des personnes avec qui j’ai pu lancer de beaux projets et collaborations. Je ne pensais pas que cette petite action mènerait à de plus grandes choses…
Cette rentrée s’annonce particulière avec la mise en place de nouveaux programmes. Comment votre établissement s’adapte-t-il à ces changements dans sa préparation ?
J’enseigne dans un petit établissement en pleine campagne, au sein d’une petite équipe pédagogique, ce qui facilite les réunions. Nous échangeons beaucoup.
En cette année de réforme scolaire, nous allons changer les manuels. Nous avons reçu les spécimens et les avons consultés. Les maisons d’édition ont toutes fait un travail remarquable.
Nous n’avons pas encore choisi le manuel qui nous accompagnera sur les années à venir, mais restons sensibles sur trois points :
- un juste milieu entre littérature classique et littérature dite de jeunesse ou moderne, sinon quand les élèves découvriront-ils les oeuvres classiques ?
- des leçons en langue claires et efficaces avec un panel d’exercices conséquent, pour éviter les photocopies excessives ;
- un beau manuel avec de belles illustrations et des textes aérés pour donner envie d’apprendre, pour le plaisir des yeux au même titre que celui de l’esprit.
Quand notre choix sera fait, nous passerons commande auprès de la libraire de la ville, afin de faire travailler les commerces locaux et d’instaurer un climat de confiance avec les personnes du métier du livre.
Un nouveau programme de français entre en application en septembre 2025 pour les classes de 6e, dans le cadre de la réforme du cycle 3. Quel est votre avis sur ce programme ?
Il est difficile d’avoir un avis tant qu’on n’a pas expérimenté ce qui nous est demandé.
Je trouve les intitulés plus clairs, plus précis, et c’est une bonne chose. Les œuvres au programme sont un peu plus exigeantes. Là encore, c’est un point positif, mais il est difficile de trouver un juste milieu entre les élèves qui sont au niveau et ceux qui peinent davantage. En tant que professeur(e), il faut « ruser » pour susciter l’intérêt chez nos élèves.
Projet des programmes du cycle 4
Publié dernièrement, ce projet de programme propose un juste milieu entre littérature classique et littérature jeunesse. Je trouve qu’il est important de laisser la place à cette dernière pour motiver nos élèves et leur donner le plaisir de lire.
En effet, les lectures données dans le cadre de l’école sont souvent perçues chez nos élèves comme une punition. Il faut changer cela, et valoriser cette littérature foisonnante qui peut faire du bien. Trouver et retrouver du plaisir va être je pense mon leitmotiv pour les futures années !
Cette année, la réforme des collèges 2025 représente un défi pour l’ensemble des acteurs de l’éducation. En quoi le site d’information Réforme.éducation vous a-t-il été utile ?
C’est un site que je ne connaissais absolument pas avant d’en être informée par l’équipe. Or, il est essentiel !
Il m’a permis d’avoir une vision globale sur les outils qui existent dans la matière que j’enseigne. Avant, je me contentais de regarder sur le site de chaque éditeur. Avoir un site comme reforme.education qui me permet de trouver ces informations sur le même site est un gain de temps énorme. J’y trouve également des informations sur les programmes, les actualités, des astuces … Les articles sont clairs et les informations vont à l’essentiel, sans perte de temps. C’est ce que je recherche en général.

Quel « élément miracle » vous permettrait de passer une rentrée sereine ?
Des élèves sages et passionnés par le français, c’est possible ?
Après quinze ans d’enseignement, mes rentrées sont plutôt sereines et la passion toujours intacte. C’est ça que je demande alors !
Avez-vous un dernier mot à ajouter ?
Nous avons la chance de nous épanouir dans un métier formidable : celui de la transmission auprès des futures générations. C’est un métier exigeant, parfois mal compris ou banalisé, souvent exercés avec des moyens restreints, certes, mais un métier au cœur de l’humain. Nous pouvons avoir un réel poids auprès des jeunes et les aider au quotidien. Notre rôle est essentiel, et je pense qu’il faut en avoir conscience.
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